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« Je m’occupe plus de l'avenir pour le moment » |
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Salut Marian. Sympa d'avoir trouvé le temps pour une conversation. Comment vas-tu ? Merci de t'en préoccuper. Je vais bien. Dans les années 80 quand Alphaville a eu du succès tu avais ta résidence à Münster (Allemagne ). As-tu encore des liens à ta vieille ville natale ? Où habites-tu maintenant ? J'oscille entre Berlin et Londres. La majorité de mon groupe habite en Angleterre et je suis très souvent sur l'île parce que nous en sommes au milieu du travail pour le nouvel album d'Alphaville, qui sort à l'automne. Beaucoup de beaux souvenirs me relient à Münster parce que c'est le berceau d'Alphaville. Cependant, je ne suis pas né à Münster, mais à Herford dans l'est de la Westphalie. Quittons Münster. Comment est venu ce changement de lieu ? Est-ce que le déménagement avait à voir avec ta musique et ta carrière ? C'était dû au fait que nous avions déjà vécu à Berlin avant, et que nous y avions beaucoup de contacts avec des artistes, des éditeurs et des maisons de disques. Quand ça a décollé pour Alphaville, c'était évident d'y retourner. Qu'as-tu fait comme boulot avant l'époque Alphaville ? Etais-tu déjà dans la musique ? Après l'école je me voyais plus dans la peinture, mais à partir de 1977, au début de l'ère punk, mon intérêt a basculé très rapidement sur la musique. J'ai fait toutes sortes de petits boulots pour gagner un peu d'argent : sur des chantiers, dans un cirque, dans la restauration de meubles, dans des fêtes foraines, dans des fermes etc., jusqu'à la sortie de notre premier single en 1984. Tu es toujours sur la route pour des concerts avec Alphaville. Quelle est - en plus de toi - la composition actuelle d'Alphaville et est-ce qu'elle est figée ou est-ce qu'elle change ? Martin Lister joue du synthétiseur, David Goodes de la guitare et Pierson Grange de la batterie. Que sont devenus les anciens membres d'Alphaville ? Que font-ils maintenant ? Es-tu toujours en contact avec eux ? Je suis toujours en contact très rapproché avec Bernhard Lloyd qui habite près de Berlin en tant que producteur de musique et membre du groupe Atlantic Popes. Rick Echolette habite avec sa famille dans le sud de la France. Frank Mertens, je l'ai perdu de vue. Jusqu'en 1992 ou 1993 vous avez fait très peu de concerts. Dans les années 80 aucun - à ma connaissance. Pourquoi ? Dans les années 80 nous étions tout simplement de trop mauvais instrumentalistes, en tant que tels nous pouvions attendre notre connaissance du public - c'est ce que nous pensions en tout cas. Alphaville était à la base un pur projet de studio. C'est dans la réclusion d'un studio que nous pouvions travailler nos morceaux. Nos idoles étaient des groupes comme Kraftwerk, OMD ou Human League qui comme nous avaient commencé à produire de la musique avec des machines. Ce qui nécessite une quantité d'imagination mais pas de compétence spéciale en instruments "naturels". Le mot "dilettante" était un honneur pour nous. A cette époque il y avait à Berlin une tendance de style qui s'appelait "Dilettantes géniales", à laquelle nous ressentions appartenir par définition, à la suite de groupes comme Der Plan ou d'artistes comme Max Goldt. Nous y voyions une chouette idée. De la pop music électronique avec un contenu ambitieux, et des textes. Et puis les groupes à base de synthétiseur étaient une suite logique à toute cette philosophie punk pour moi, au moins au début des années 80. Et la New Wave était la continuation d'idées que je connaissais de David Bowie, Cockney Rebel ou Roxy Music. Avec la publication de notre deuxième album "Afternoons in Utopia" nous projetions une monstrueuse conversion scénique, l'album est vraiment quelque chose comme une pop opéra. Mais le projet échoua à cause des conditions techniques et financières. Et puis il se passa encore sept ans avant notre première vraie tournée, hormis quelques galas au Tempodrom ou à la Waldbühne (à Berlin). Y aura-t-il aussi un nouvel album studio dans un avenir proche ? Comment va-t-il sonner ? Y aura-t-il des changements ? Comme j'ai dit, nous y travaillons. Je suis parfaitement satisfait de l'écriture. Nous jouons déjà deux trois nouveaux morceaux dans notre programme de concerts. Ce faisant, de nouvelles bonnes idées viennent encore et toujours s'ajouter et enrichir le dernier enregistrement des morceaux. J'espère que nous pouvons poursuivre la tradition Alphaville sans nous répéter. Pour moi chaque nouvel album est une expérience qui donne matière à découvrir du neuf et à l'intégrer à la musique. Ou, comme l'a écrit quelqu'un sur un nouvel album de nous : "Rien n'a changé. Tout est différent". Vous avez publié en 2001 l'album "Forever Pop" qui contient 13 versions remixées de vos hits. Quelle est ta position sur les reprises dans lesquelles les artistes d'origine ne sont plus impliqués et qui sont publiées en pagaille depuis quelques années ? Il y a une bonne partie de choses horrifiantes, et cela est de l'industrie de masse. Cela n'a pratiquement plus rien à voir avec la musique. Cependant, il y a aussi quelques très jolies réinterprétations, comme par exemple "Halo" sur l'album de remixes de Depeche Mode ou même "Summer in Berlin" et "Summer Rain" sur l'album "Forever Pop". La musique a évolué depuis les années 80. Qu'est-ce qui a changé pour vous depuis votre éclosion ? Avez-vous un autre mode de travail ? D'un côté tout a changé. Alphaville appartient à la première génération des groupes pop se situant de manière décisive dans le contexte de l'avancée technologique des instruments de musique et des méthodes d'enregistrement. Compare la technologie de l'époque avec la technologie de maintenant, et tu as une bonne approximation de l'étendue de ces changements. Cependant, d'un autre côté, la technologie n'est qu'une partie de l'ensemble. S'il y a quelque chose qui ne change pas dans la tête d'un artiste, c'est bien sa dévotion, son respect obsessionnel de la musique et de l'imagination qu'il en tire, sa relation à lui-même souvent presque destructrice. Ils m'ennuient ces gens qui disent combien la musique avant devait être plus formidable, plus honnête et plus vraie et combien tout est devenu de la merde de nos jours. Ils regardent trop la télévision et ne vont plus aux concerts. Et probablement aussi qu'ils n'achètent plus de nouveaux CDs, mais uniquement des best of. Quel genre de musique écoutes-tu ? En ce moment j'écoute beaucoup Roter Sand, ils sont tout simplement formidables. Et puis Joel Veitch. Ses clips aussi sont incroyables. Et le nouvel album de Brian Eno. Et puis Porcupine Tree, Robbie Williams, Coldplay, Rammstein, Klaus Schulze, Fettes Brot, Wolfsheim, Xavier Naidoo... Ca ne me vient pas en tête là, mais il y en a d'autres. Ah oui, Randy Edelman et Groove Armada. Mais ils ne sont pas franchement nouveaux. Et dans les vieux trucs Pink Floyd bien sûr. Es-tu exclusivement consommateur de musique ou également collectionneur ? Je ne collectionne pas, mais à force ça se collectionne tout seul. Aujourd'hui nombre de vos vieux disques et CDs sont des pièces de collection rares et recherchées. De préférence les maxis de vos vieux hits. Y aura-t-il un jour un rassemblement de ces mixes ? Ca peut déjà exister. Toutefois, je m’occupe plus de l'avenir pour le moment. Je te remercie pour cette interview et te souhaite que du bon pour la suite. Merci, je vous en souhaite tout autant ! Voudrais-tu adresser quelques mots aux lecteurs en particulier ? Salut à tous les fans d'Alphaville. Keep the good things rolling!(*) |
16 janvier
2006. Interview : Christian Reder (*) en anglais dans le texte (N.d.T.) Traduit de l'anglais et de l'allemand par HervE Lamoureux http://www.music-pleasuredome.de/index.html?alphaville/alphadt.htm |